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Channel: Regardailleurs » Claire
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Un aperçu de la fracture numérique

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Deux ans que je m’octroie quelques jours/semaines de vacances. Ici et là je vadrouille en France, sur la côte ouest principalement et une entorse cette année avec la Corse. Entorse-Corse, la rime est faite. Et cette année encore, un constat : la 3G est absente des coins où je vais, des Landes à la Bretagne nord en passant par la Corse donc.

Rendez-moi la possibilité de communiquer avec mes proches

Je sais, l’été il paraît qu’il faudrait se déconnecter. Seulement deux choses : je n’en ressens pas l’envie ni le besoin et quand le cas échéant – comme en Bretagne début août – l’absence de 3G ne m’a fait ni chaud ni froid, quoi que je n’avais pas de réseau téléphonique non plus, chiant quand on aime aussi partager des choses avec ceux qui sont loin. Bref. Mes amis sont éparpillés aux quatre coins de la France, voire à l’étranger comme beaucoup d’autres « jeunes » de ma génération, et j’ai envie de leur envoyer des photos (MMS ou mail) et des mails plus longs qu’un simple texto vite imbitable quand on écrit plus de dix lignes. C’est con mais c’est comme ça, je communique – et ne suis pas la seule – principalement et majoritairement via réseaux et mails. Impossibilité de partager en vacances donc avec paradoxalement cette idée qu’on a plus de temps pour prendre des nouvelles et en donner. On ne le fera pas, What’s app refuse de se connecter en Edge et vu la tronche du réseau, on le comprend.

Et sinon on s’informe ou bien ?

Deuxième chose, nous sommes certes en vacances donc moins enclins à vadrouiller sur internet en théorie puisque moins d’envie de s’informer et tout un tas de choses à faire. Quand on passe la journée en mer, on a pourtant parfois envie de savoir ce qu’il s’est passé dans le monde, garder un lien aussi avec ce qu’on appelle vulgairement les infos. J’ai passé dix jours en Bretagne sans réseau ni rien, les infos je les ai laissées passer, je n’avais pas envie de m’informer. Seulement il arrive que le besoin se fasse sentir, et là, problème.

Ma façon de lire la presse ou d’écouter la radio passe immanquablement par la 3G ou le Wi-Fi. Je n’ai qu’un téléphone et un ordinateur et n’ai pas la télévision en vacances, quand bien même je la regarde en temps normal à Paris via les sites Internet des chaines. Mais je reste une citoyenne lambda même en vacances. Une citoyenne qui aime ses podcasts et son reader Feedly depuis que Google reader a passé l’arme à gauche. Une citoyenne qui apprécie surfer sur les sites de Libé, Le Monde ou Rue89 pour ne citer qu’eux. En vacances donc pour m’informer – parce que je le répète j’en ai envie et besoin sans être à ranger dans la case des cinglés-connectés – il me reste Jean-Pierre Pernault (ou Corse Matin en ce moment). Désolée mais je n’y arrive pas, ce n’est pas ma façon de « consommer » l’information. Il est 17 heures, j’ai envie de savoir ce qu’il se passe dans le monde et lire la presse, je ne peux pas. Voilà.

Des vacanciers certes. Mais les locaux ?

Ces différents constats m’amènent à un autre point : on entend ça et là parler des réseaux, de la lecture sur Internet et des médias online. Comment font-ils ceux qui rament en Edge ? Où sont les box que j’aurais pu pirater pour avoir un accès internet suffisant ? Comment je m’informerai et j’informerai #lesgens depuis mon village des Landes ou mon île bretonne ? En vacances, je reste journaliste et j’apprécie lire les dernières nouvelles sur la plage, dans la file d’attente du Carrefour ou encore dans la salle d’attente du médecin. J’apprécie la mobilité donc. Ils font comment ceux qui y vivent en permanence ?

Un exemple pour illustrer le tout et pare que ces constats m’attristent : en rentrant de la plage – j’écris ce texte sur la terrasse de la maison où je suis, au doux bruit des grillons – tout à l’heure je suis tombée quasi nez à nez avec des hydravions qui venaient se remplir - et qui à l’heure où j’écris ces lignes font toujours les aller-retours au dessus de la maison où je suis, donc gros feu de forêt du côté de Bastia on dirait. J’ai mis une heure à envoyer une pauvre vidéo sur Instagram et Twitter. C’est de l’info je n’y peux rien j’ai ressenti le besoin de partager ça avec ceux qui me suivent. Une heure pour trouver un moyen d’envoyer une vidéo. Comment les locaux s’informent ? Comment les locaux partagent ?

Certains diront que je suis en vacances. Peut-être. Je leur rétorquerai que ça n’empêche que c’est ma façon de consommer l’info et aussi mais surtout que d’autres y vivent.


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